Interview : Kaly Live Dub (02-2005)

Interview : Kaly Live Dub (02-2005)

En dix années d’existence, Kaly live dub s’est imposé comme une formation incontournable du paysage électronique français. Développant un dub puissant et hypnotique, les cinq de Lyon n’hésitent pas à s’affranchir des ambiances traditionnelles pour s’offrir des embardées ethniques. État des lieux en compagnie d’Éric, bassiste de Kaly, qui annonce la sortie d’un troisième album en 2005.

Comment et quand a débuté l’aventure Kaly?

Notre histoire a commencé en 1995. Potes de longues dates avec Steph et Paul, nous avions décidés de jouer du reggae ensemble… Roots session à l’époque… De fils en aiguilles, le groupe a évolué et est arrivé à sa composition actuelle… 10 ans cette année…

Est-ce que Kaly est porteur d’un message?

Même si nous n’avons pas de chanteur ou autres vocales pour exprimer verbalement un message, je pense que, par rapport aux compositions proposées, nous arrivons à exprimer et faire comprendre nos sentiments. Nos morceaux nous correspondent musicalement et nos émotions personnelles en découlent naturellement… Quand nous voulons exprimer un sentiment de violence, d’amour, ou autres, le public est assez réceptif… Nous essayons souvent d’envoyer des sons percutants, engagés,… Par exemple, des distorsions sur les effets ou instruments…. En parallèle, intéresser le public et son oreille à des sonorités nouvelles….

Comment qualifieriez-vous votre musique?

Je ne sais pas vraiment… Peut être un peu punk à des moments, électro à d’autres… Kaly n’a pas de barrière à la composition…

Toutes ces fusions dub, electro, ethnique, ça vient d’où?

Nous venons tous d’horizons musicaux différents. Chacun apporte son grain de sel… Le résultat s’en ressent. Nous nous passionnons tous pour les chants et/ou instruments du Maghreb et du Moyen Orient. Nous avons toujours trouvé que cela se mariait très bien au dub où a l’électro. Mais nous évoluons et le troisième album risque d’en être la preuve flagrante!

Et à quel public êtes-vous confronté?

Le dub est fédérateur d’un public super éclectique. Éléctroman, reggaeman, rockeurs and more. Des gens comme nous quoi!

Vous semblez être en perpétuelle exploration musicale. Vous êtes vous fixé un point ultime, ou une limite?

Nous sommes en exploration musicale permanente et c’est bien sur no limit! Il est impossible de se dire « là, on a tout fait »… Lorsqu’un morceau est fini de mixer, il s’est passé beaucoup de temps déjà, alors on décide de s’arrêter pour passer à une autre compo. L’histoire sans fin, quoi…

Pouvez-vous présenter votre méthode de travail? Machines ou acoustique?

Nous travaillons avec les machines et les instruments en même temps, le sampler est un instrument à part entière. Par exemple nous trouvons une rythmique avec le batteur, si les autres membres du groupe aiment le groove du morceau, on l’enregistre sur l’ordinateur et chacun peut travailler dessus de son coté. Ensuite, dès qu’il y a beaucoup de matière, nous structurons celui-ci en le jouant en répète. Stéphane, qui travaille les samples, aura cherché des sons et nous les présentera en les faisant défiler en jouant tous ensemble. C’est une méthode parmi tant d’autres….

En ce moment, vous écoutez quoi par exemple?

Pour ce qui est du crew, c’est varié: Jah Shaka, Automat, Amon Tobin, Roots, Sleepers, Young Gods,… Pour ma part, en ce moment c’est Massive Attack et Portishead.

Que faites-vous en dehors du groupe? Avez-vous des projets parallèles?

Stéphane, au sampler, et Mathieu, le batteur, ont un live machine qui se nomme Hybrid Sound System, un live electro. Ils ont déjà sorti un album sur le label parisien Sounds Around… Steph a aussi créé dernièrement avec Tito de Picore une autre formation: Uzul Prod, Indus-éléctro. Paul, le guitariste, a monté Dub Addict, un sound system avec du gros son à l’anglaise, façon Aba Ashanti ou Jah Shaka. Un maxi devrait voir le jour sur le 1er semestre 2005. Moi en revanche, je travaille des morceaux pour monter un live trip hop. A suivre…

Vous semblez très engagés dans la vie associative, pour quelles raisons?

Quand tu es isolé, seul, et que tu as une idée ou quelque chose à défendre, ton pouvoir de parole est nul aux yeux des institutions et autres pouvoirs publics. L’association loi 1901 est l’alternative pour se grouper et défendre une idée commune. Dans notre milieu, plein d’associations se battent pour la diffusion d’une idée ou une action. Nous avons dernièrement participé à la compil de soutien à l’asso Survie, un collectif qui lutte depuis bientôt 20 ans contre le néo-colonialisme et la dictature en Afrique. Nous soutenons ce genre d’action… Mais d’autres assos font un travail de fond incroyable: attak, scalp, no pasaran,… Actuellement, Les gens prennent conscience de plus en plus tôt que d’essayer de faire bouger le système établi passe par la prise de parole citoyenne… Et ça, c’est plutôt une bonne chose…

Avec le recul, quel regard portez-vous sur « 3 Maximal Overdubs »? Comment le public l’a-t-il accueilli?

Il y a longtemps que nous voulions faire ce disque… C’était l’alternative pour offrir à ceux qui n’avaient pas de platine vinyl, un skeud réunissant les titres de trois de nos maxis. Le public a bien compris que ce n’était pas un album mais néanmoins le disque a bien marché. Ce disque n’est pas vraiment représentatif du pur son Kaly… Il donne plus un aperçu des différentes aspirations du groupe et rencontres (Rod Taylor, Crystal Distortion, …) durant ces 10 dernières années dubesques. Un extra quelque part…

Quelle place accordez-vous à la scène?

La scène est très importante pour Kaly. Le travail studio est une chose, et la scène en est vraiment une autre… Le live nous donne l’occasion de donner aux gens pendant une heure tout ce qu’on a dans le ventre. On essaye d’envoyer le plus fort qu’on peut à chaque fois… Communiquer un message positif à chaque nouveau concert… Faire rentrer le spectateur dans notre univers à grand coup de sub…

Pouvez-vous nous parler de votre concert toulousain avec Stanley Beckford?

Stanley Beckford fut un des premiers à jouer du mento en Jamaïque, et pour nous c’est une musique riche en sonorités et en éclectisme, bien que la notre soit loin de ce style maintenant. Nous nous souviendrons un bon moment de cette date toulousaine…

Comment expliquez-vous l’essor que connaît le dub depuis quelques années?

Je pense que le dub a plu dès lors que la vague jungle est apparue en 1995. Justement, il y avait beaucoup de sound system jungle dub, l’électro a pris la place du rock alternatif et est même présent dans tous les styles. Dans n’importe quelle musique on entend de l’électro, du coup le dub en fait partie et c’est la suite logique du reggae.

Entretenez-vous des rapports avec d’autres formations de la scène dub française?

Oui. Nous voyons régulièrement les High Tone, Mei Tei Sho, et autres groupes lyonnais… Nous avons souvent au téléphone les Impros, les Ez3kiel, … Nos relations sont plus fraternelles que concurrentielles…

Et pour le visuel (pochette, affiches), qui s’en occupe et combien de temps y consacrez vous?

C’est Rouni, notre infographiste attitré qui s’occupe de tous les artworks du groupe. Il y travaille en fait en continu. Le groupe lui apporte des idées et il se charge de les retraduire graphiquement… Ça fait déjà un long moment qu’il fait ça et ça se voit… Nous trouvons son travail mortel… Pas que nous d’ailleurs… Les High Tone lui ont confié le graphisme de leur prochain album… En ce qui concerne l’entité visuelle du groupe, nous mettrons dans le futur un point fort sur le scénique… Auparavant nous proposions un concert, sur le prochain volet nous proposerons un spectacle.

Quels sont les projets de Kaly pour l’année à venir?

Nous entamons quelques concerts en Suisse, Belgique, Hollande et en France à partir de février 2005… Petit tour de chauffe avant notre entrée en studio en avril et mai pour l’enregistrement du l’album. Quelques dates sont prévues en Juin et Juillet avant la sortie du troisième opus prévu pour l’automne 2005… Suite à ça, une grosse tournée nationale sera de mise… Quelques surprises… On peut aussi noter la sortie d’un maxi courant 2005. C’est la rencontre entre Vander, artiste et créateur du label canadien Bass Ma Boom et Kaly. Au cours de notre passage à Montréal en novembre 2003, nous avions pu faire quelques prises studio avec cette figure canadienne. Session Dub Roots to Drum’n’bass…. Le maxi sortira uniquement au Canada, mais sera néanmoins trouvable en VPC sur notre site et sur notre stand lors de nos concerts.

Pensez-vous tourner en France ou à l’étranger? Si oui, quels pays souhaiteriez-vous visiter, et pourquoi?

Comme dit plus haut, nous avons déjà quelques dates européennes et nationales de prévues sur le premier semestre 05 et une tournée française pour la sortie de l’album. Mais suite à tout ça , nous prévoyons effectivement d’aller faire un petit tour chez nos cousins étrangers… Des portes s’ouvrent petit à petit sur l’Amérique du sud, le Moyen Orient et quelques pays du nord… Nous comptons bien leur rendre visite un de ces quatre pour leur faire découvrir notre french dub…


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