Interview : High Tone (11-2006)

Interview : High Tone (11-2006)

Interview un peu particulière cette fois sur Bokson, puisque nous avons voulu tester le concept Zentone jusqu’au bout! Nous avons donc demandé aux High Tone (ici représentés par Fab et Dom) de poser des questions aux Zenzile (ici représentés par Matthieu), et vice versa. Mais ça nous semblait encore un peu facile… Alors on a corsé la chose avec une ultime question subsidiaire de notre cru. Sauf que la question concernant Zenzile, on l’a posée à High Tone qui devait se mettre dans la peau des Angevins pour y répondre. De même pour Zenzile qui a dû réfléchir à ce qu’aurait répondu les Lyonnais… Vous ne comprenez plus rien? C’est normal… Ca ira mieux en lisant, ne vous inquiétez pas!

Zenzile: Qu’avez-vous retiré de l’expérience “Zentone”?

Les High Tone

Fab (High Tone): Une belle aventure! Une rencontre permettant de mieux se connaître et s’apprécier pleinement. Pas toujours évident de bien se capter lors d’un concert entre fatigue de la route, balance, interview, et autre timing divers… Cela laisse toujours un goût de vite fait. Et pourtant Zenzile est l’un des premiers groupes de dub français que l’on a croisés sur notre route dès 1998. “Zentone” scelle notre amitié et respect mutuels. Quel serait donc le but de la vie, sinon que de faire des rencontres qui nous poussent toujours plus loin de nos routines et transcendent notre vie en expériences créatives?

High Tone: Dans quelle mesure un “Metà Metà” ou un “Zentone” fait avancer Zenzile?

Matthieu (Zenzile): Ces projets font obligatoirement avancer le groupe, tout simplement parce qu’ils constituent une nouvelle expérience de studio et de mixage. La période a été très intense, puisqu’on a fait trois mois de studio non-stop avec ces deux projets.

Zenzile: Quelles ont été les ressemblances/différences avec vos trois précédents projets: “Kaltone”, “Highvisators”, “Wangtone”?

Fab (High Tone): Côté ressemblances, le projet était le même pour les trois rencontres, c’est-à-dire se voir dans un espace/temps limité, et à travers l’improvisation, accoucher d’un projet hybride. Pour les différences, je dirais que c’est surtout le choix de mixer l’intégralité des morceaux chacun de son côté, afin de bien mettre en avant le rôle de la production, si essentiel dans le dub (musique créée par des producteurs, dois-je le rappeler?), et de donner ainsi cette double approche d’un même morceau. Ca nous permettait de faire la démonstration que l’étape du mixage en musique amplifiée fait entièrement partie de la démarche artistique, et qu’elle n’est pas un simple calibrage du son. Encore une fois merci à King Tubby…

High Tone: Avec quel autre groupe Zenzile aimerait tenter ce genre de projet?

Zenzile

Matthieu (Zenzile): Avec un groupe au line up différent. Avec High Tone, la rencontre s’est admirablement bien passée parce que nous nous connaissions bien et que la notion de résultat était importante. Les rencontres évidentes pour Zenzile sont celles des “5+1”: chanteur, chanteuse, soliste, bref des sonorités que nous ne possédons pas déjà.

Zenzile: Etes-vous satisfaits de l’équilibre du projet? La complémentarité a-t-elle fonctionné?

Fab (High Tone): C’est à mon goût la rencontre la plus aboutie musicalement que l’on ait réalisée à ce jour, l’expérience aidant, 10 ans déjà! Nos particularités créent deux pôles, un peu façon ying/yang, tournant l’un sur l’autre. Au centre se trouve un espace vierge où chacun peut mieux se libérer de ses propres barrières et limitations. Zenzile, selon la recette traditionnelle de l’estampe chinoise, suit la règle 2/3 de vide pour 1/3 de plein: maîtrise de l’espace, le son suspendu dans le vide maintenu par un effort réduit à son strict minimum. Comme pour mieux faire comprendre l’essentiel. Dépouillement et rigueur: “tout vient à point à qui sait attendre”. Pour High Tone, c’est le coté sombre, l’instant présent, le plaisir direct. “Expulse le son dans le chaos sans limitation, et regarde ce qui s’y passe? Si sous l’effet du choc une vague se forme, et bien surfons-la!!!”. Je dirais en conclusion: deux directions pour un seul chemin, Zentone road, que beaucoup de monde prendra plaisir à emprunter, je l’espère…

High Tone: Qu’est -ce qui différencie un Zen Mix d’un Tone Mix?

Matthieu (Zenzile): Les astérisques! (rires) Plus sérieusement, la méthode en premier lieu. High Tone ayant pris l’option de garder quasi toutes les pistes d’origine. Nous avons plutôt élagué les pistes. H.T ont eu une approche à l’ancienne, en dubant live et à plusieurs sur la console. Nous avons procédé plutôt avec l’édition et l’automatisation des effets.

Zenzile: Si des concerts devaient avoir lieu (sous appellation Zentone), comment les envisageriez-vous?

Dom (High Tone): Eh, eh, la belle question… (Matthieu ouuuu Raggy??? Ouuuu Matthieuraggy? Ou Raggymatt? Ou, enfin bon…). Alors… On sait que Zenzile en meurt d’envie et que nous on ne peut pas pour des histoires de planning et d’album, etc. Et aussi qu’on ne veut pas car, pour le studio leur manager était arrivé à les sevrer une semaine avant… Mais sur la route, trois sur cinq sont vraiment trop cramés, ingérables, trop d’embrouilles, des bagarres, ils arrivent plus à jouer, et High Tone ne peut plus assumer seul.

High Tone: Quelles nouvelles ou anciennes influences zenziliennes retrouve-t-on dans ce “Zentone”?

Matthieu (Zenzile): On y retrouve quasi toutes les composantes de la musique du groupe. Mais certaines ont été apportées par High Tone. “Zentown”, qui sonne zenzilien, est une idée de High Tone à la base. En revanche, “Crash Test” est une compo de Zenzile avec les arrangements de samples de Dj Twelve. En définitive, les deux groupes ont joué au caméléon en assimilant les couleurs musicales de l’autre groupe.

Zenzile: Quelle est la définition du dub selon High Tone?

Dom (High Tone): Pour moi, c’est son histoire, et ses acteurs qui définissent vraiment le dub… Et “Bass Culture” de Lloyld Bradley est un très bon ouvrage pour se plonger dans cet univers… Mais pour High Tone, je crois que c’est un espace de liberté musicale où un groupe instrumental peut s’exprimer pleinement, à la fois une musique massive, sérieuse, mais aussi dansante, hypnotique, avec plein de bonnes grosses basses qui font tout trembler ton pantalon… Mais plus pragmatiquement, on pourrait répondre que c’est juste une technique de studio…

High Tone: Et quelle est celle de Zenzile?

Matthieu (Zenzile): De plus en plus, notre musique s’affranchit du cadre du dub stricto sensu. Il est possible qu’une partie de nos prochains morceaux sortent de la “niche” dub. Certains morceaux seront des chansons auxquelles nous n’infligerons aucun traitement dub en particulier. Nous pensons faire de la musique en général. Nous ne nous retrouvons plus dans l’idée de faire un album 100% dub. Dans ce sens, nous faisons du rock ou du dub/rock.

Questions subsidiaires zentonisées:Bokson à Zenzile: Vous avez récemment sorti “Metà Metà”, un disque beaucoup plus electro que le reste de votre discographie… Vous n’avez pas eu peur que les gens disent que vous vouliez “copier” High Tone?

Dom (High Tone): Il ne faut pas oublier que “Metà Metà” est un album purement machines, là où High Tone, eux, font de l’électronique mais en formation live… Les deux univers sont très différents… Et même si le line-up est le même en groupe et en sound system, l’approche de la composition est plus personnelle en sound system, moins fusionnelle entre les entités que représente chaque membre au moment de la création… De plus, ce n’est que la première cartouche du barillet Zenzile Sound System qui a malheureusement défrisé quelques vieux fans endurcis un peu trop sectaires, à mon goût…

Bokson à High Tone: Est-ce que les disques “quelqu’un-tone” de votre discographie (Kaltone, Highvisators, Wangtone…) étaient une façon de répondre aux “5+1” de Zenzile? Et avec qui aimeriez-vous enregistrer le prochain?

Matthieu (Zenzile): La différence entre les “quelqu’un-tone” et les “5+1” tient au nombre des protagonistes. Les splits EP de High Tone concernaient des collectifs (des groupes) alors que les “5+1” ne concernaient qu’un seul invité. De plus, les guests des “5+1” ne participaient pas aux mix, il s’agissait d’orienter la musique autour d’un chanteur, chanteuse ou musicien supplémentaire. A la base, ces projets ont pour fonction de sortir le groupe de sa “routine” personnelle. Dans ce sens, ils tiennent la même place dans l’évolution des deux groupes. Nous aimerions enregistrer le prochain “quelqu’un-tone” avec Johnny Clegg & Savuka… (rires).


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