Rencontre avec dDamage

Rencontre avec dDamage

A l’occasion de la sortie de l’album “Future Chaos” sur l’écurie teutonne K7 !, Tim Simenon célèbre vingt années de carrière. Auteur de l’album “Into The Dragon”, une référence en matière de sampling et de production, ce britannique d’origine malaysienne et écossaise est venu quelques jours sur Paname pour croiser le mot avec les fanatiques dDamage, qui s’apprêtent par ailleurs à larguer “100% Hate” sur Tigerbass, subdivison dance-floor de l’écurie américaine Tigerbeat 6. Le duo fratri-sonique dDamage a échangé quelques phases avec l’homme-clef du combo Bomb The Bass, revenant sur certains détails de la carrière du parrain de l’Acid House pour mieux poser les jalons à venir de leurs musiques respectives. Interview décroisée.

dDamage: Tu as commencé à toucher le son très tôt?

Tim Simenon: J’ai commencé à collecter les vinyls dès 9 ans. J’étais fans de Maceo Parker, JB’s et surtout de Jimmy Castor Bunch. J’étais fasciné par la pop, le punk, la soul et le jazz etc. Jimmy Castor Bunch représentait tout ce que j’aimais par exemple. J’ai commencé à mixer dans les clubs vers 14-15 Ans. Lorsque je me suis mis à faire du son, j’ai commencé par une platine et puis j’ai bossé avec un sampleur, puis plusieurs. Le fait de manier les beats en qualité de DJ m’a poussé à vouloir “envelopper des sons”. Je fonctionnais par “couches”. Je prenais une couche d’un sample de tel artiste que j’aimais, une petite portion, puis je reprenais cette portion pour la façonner à ma sauce, en rajoutant du beat ou des bruits de synthés, de la batterie, etc… Jusqu’à ce que j’arrive au final, comme par exemple mon premier morceau “Beat Dis”. Et vous?

dDamage (JB): J’ai commencé à faire de la musique bien avant mon frère, qui lui était un acharné de disques, un fanatique de vinyls, un voleur de disques aussi car on avait pas trop de tunes!!! Il en écoutait beaucoup et me faisait découvrir pas mal de groupes, notamment du rap, de la funk, de la soul, mais surtout beaucoup de rap. On a beaucoup écouté les premiers disques de Prince, en boucle. J’ai eu plusieurs groupes de rock, de punk-rock et puis nous avons réunis nos forces lorsque j’ai fait l’acquisition d’un Atari Falcon. Nous nous sommes retrouvés tous les deux à faire des sons, car Fred était attiré par le sampling. On a commencé à faire des trucs au milieu des 90’s sur un quatre pistes pourri et puis ça nous plaisait donc on a formé un premier duo, pour s’amuser. Et puis on s’est rendu compte que certains morceaux tenaient la route alors nous avons continué.

dDamage (Fred): Un de nos points communs fut ton album “Into The Dragon”. C’est vraiment un album qui nous a mis d’accord mon frère et moi. De plus, la musique d’un des titres phares de l’album – “Megablast” – a servi de bande sonore au jeu Xenon II, produit par les bitmap Brothers, et nous étions à fond sur cette colorisation de la musique. Nous avons tous les deux pris une grosse claque dès la première écoute de “Beat Dis” en vinyl, la version White Label. Ce fut un choc monstre… Tu as été aussi un des premiers mecs qui a vendu ta musique au Bitmap Brothers, pour leur jeu “Megablast” sur Atari et Amiga, entre autres… Quel en était le procédé?

Tim Simenon: Je n’étais pas un fan de jeux vidéo à l’époque quand ils m’ont contacté pour reprendre le morceau “Megablast” issu de mon premier album “Into The Dragon” pour le jeu Xenon II, mais cela m’intéressait forcément. Ce n’est pas moi qui ait programmé la version pour les jeux vidéos, mais j’ai donné le morceau avec les éléments séparés pour qu’ils puissent prendre les sons les moins saturés, les sons les plus utilisables, les plus claires, car les processeurs de l’époque supportaient mieux certaines fréquences que d’autres. Je leur ai donc passé des éléments séparés et ils ont reconstitués des versions minimales pour la musique du jeu.

dDamage (JB): Pour notre dernier album “Shimmy Shimmy Blade“, nous avons d’ailleurs inséré dans le booklet la lettre envoyée pour t’expliquer le rapport intimiste que nous avions avec ta musique. Nous avons détourné la pochette d'”Into The Dragon” pas seulement parce que ce dessin nous plaisait, mais parce que la musique de cet album a été une sorte de détonateur pour nous deux. Et encore aujourd’hui, cet album n’a pas pris une ride.

Tim Simenon: J’ai été très honoré de pouvoir servir d’exemple car j’ai écouté vos sons et je dois dire que votre musique me plait fortement! (rires). Vous avez signé sur un label anglais de très bonne réputation. Planet Mu est une référence!!! Je suis aussi pas mal fan de Tigerbeat6, je vois que vous vous exportez plutôt bien…

dDamage (Fred): En parlant de label, ton retour chez les indés sur K7 se passe comment?

Tim Simenon: C’est Michael Fakesch, un des gars de Funkstorung qui m’a présenté à des gens de K7! Le boss du label m’a directement appelé car il avait écouté l’album – qu’il a totalement adoré. J’avais déjà fini le mien, il était masterisé, et à part quelques petits détails, le boss s’est retrouvé avec un album de Bomb The Bass fini, il était juste prêt pour qu’on le pose dans les bacs… J’étais vraiment satisfait d’être reçu de cette façon. D’autant plus que j’avais déjà fait faire les artworks et même certains clips pour les singles, etc… Vous connaissez Funstörung?

dDamage (Fred): Oui, surtout Chris de Lucas avec qui nous avons tourné plusieurs fois. C’est devenu un bon pote et nous avons beaucoup de points communs en matière de rapport à la musique. Nous avons un tourneur allemand (Beat Providers) qui nous a présenté à Chris. Nous connaissions déjà très bien la musique de Funstorung. Je crois que leur aventure est terminée, ils font chacun leurs trucs de leurs côtés maintenant.

dDamage (JB): Après vingt années de sorties de disques, as-tu toujours envie de découvrir de la musique, de nouveaux artistes?

Tim Simenon: J’écoute toujours autant de musique. La raison pour laquelle j’ai pu finir cet album de Bomb The Bass, c’est parce que j’aime toujours autant écouter de la musique et que l’inspiration m’est revenue ces dernières années. Bomb The Bass est une sorte de monstre qui invite des gens à participer au repas! J’ai toujours fonctionné en collaborant avec des artistes. Je suis donc toujours intéressé par la musique qui m’entoure…

dDamage (Fred): Tu as bougé à Amsterdam il y a quelques années, en raison de problèmes personnels, tu voulais changer de train de vie?

Tim Simenon: J’ai eu du mal à arrêter l’alcool et j’ai réussi – paradoxalement – à arrêter facilement la marijuana en Hollande. L’alcool, j’ai seulement arrêté en 2004, c’était beaucoup plus dur pour moi.

dDamage (Fred): Moi j’ai repris l’alcool fort depuis les lois d’interdiction de fumer dans les lieux publics… Et je fume toujours du thé très vert. On va donc peut-être pouvoir faire des sons ensemble, pourquoi pas un remix de dDamage?

Tim Simenon: C’est une excellente idée! J’ai déjà plusieurs idées à ce sujet mais il faudra en parler hors interview! Depuis que j’ai recommencé à faire de la musique, je me suis replongé dans les sons et j’ai été très intrigué par votre musique… On en reparle bientôt!

Propos enregistrés par Djama Kotva


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