Interview – Clara Moto n’a pas d’aigle sur le dos

Interview – Clara Moto n’a pas d’aigle sur le dos

Jeune artiste en devenir de la scène électro européenne, Clara Moto a fait ses armes dans sa ville natale de Graz en Autriche, avant d’être signée sur le label français Infiné. A l’occasion de la sortie de son prometteur premier album « Polyamour », nous avons voulu en savoir un peu plus sur l’histoire et la musique de cette alchimiste des platines et des sonorités électriques. Interview express.

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Pourrais-tu nous parler de ton parcours jusqu’à la sortie de ton premier album?

J’ai pris beaucoup de leçons de piano quand j’étais jeune – mes parents avaient un piano à queue à la maison, et j’étais toujours en train de jouer. Quand Kruder et Dorfmeister ont commencé à devenir vraiment célèbres dans le monde entier, je suis entrée pour la première fois en contact avec la musique électronique. J’ai ensuite écouté beaucoup de hip-hop. Puis vers l’âge de 16 ans, j’ai commencé à aller dans des soirées techno et house, et je suis devenue complètement absorbée par ce mouvement.

Comment as-tu rencontré Agoria et pourquoi avoir signé avec Infiné?

J’ai rencontré Agoria à l’aéroport, alors que nous jouions tous les deux au Montreux Jazz Festival. Au début, c’était comme si personne ne remarquait notre présence, et du coup on s’est mis à discuter ensemble. Il m’a parlé de son label qu’il venait juste de fonder et je lui ai demandé son adresse mail. C’était la première fois que j’envoyais des morceaux à quelqu’un, donc j’ai eu vraiment beaucoup de chance de signer sur Infiné. Je connaissais le travail d’Agoria depuis longtemps et j’ai été très agréablement surprise qu’il me réponde et me propose de rejoindre son label.

Ton style musical est complexe, et finalement difficile à définir, entre minimal, ambient et house. Anticipes-tu ce mélange lorsque tu composes?

Non, généralement je ne pars pas d’un concept quand je fais de la musique. Je pars juste d’une idée que je tente ensuite de développer. Parfois, je suis plus dans un mood propice pour composer des sons aux influences ambient, parfois pas… Le plus souvent j’adore composer des choses qui ne sont pas simplement destinées au dancefloor. J’aime que les gens puissent écouter mes morceaux tranquillement chez eux, en faisant autre chose.

clara2Effectivement, tes compositions sont parfois très introspectives, parfois davantage taillées pour le dancefloor. Que cherches-tu à transmettre au travers de ta musique?

Je pense que tu ne peux pas influencer la façon dont les gens interprètent ta musique. Parfois, tu veux transmettre quelque chose de complètement différent de ce que ton public perçoit. Selon moi, cela dépend au final beaucoup plus du récepteur que de l’émetteur!

Tu as déjà joué au Sonar de Barcelone et également au Montreux Jazz Festival, comme tu nous le disais tout à l’heure. Que représentent pour toi ces prestigieux festivals? Penses-tu que c’est un aboutissement dans une carrière de musicien?

Bien sûr! Jouer dans des festivals d’une telle renommée signifie beaucoup pour moi et j’ai été vraiment honorée de me produire là-bas. Particulièrement quand tu connais la longue tradition du Montreux Jazz. J’ai vraiment eu énormément de chance d’avoir la possibilité d’y jouer. Néanmoins, tout est relatif car le réel aboutissement d’une carrière musicale n’a pas vraiment grand-chose à voir avec les endroits où tu joues.

Concernant le Sonar, tu as vécu à Barcelone. Pourquoi as-tu choisi de vivre là-bas? Dans quelles mesures cela a influencé tes créations?

En fait, j’ai atterri à Barcelone pour mes études, et pour apprendre une autre langue. C’est vraiment une ville magnifique, et je voulais passer un peu de temps dans le Sud. J’ai vraiment passé d’excellents moments là-bas, et Barcelone et mes amis qui y vivent me manquent encore souvent. Je pense que, d’une manière ou d’une autre, le style de vie méditerranéen dans son ensemble a influencé mon travail, et bien sûr le climat très ensoleillé donne énormément d’énergie.

Aujourd’hui, tu vis à Berlin, où la scène electro est impressionnante.  Selon toi, pourquoi cette ville est-elle devenue un des lieux les plus importants pour ce genre musical?

Berlin est une ville très libre, dans laquelle il n’y a pas de règles aussi strictes que dans d’autres. La vie y est encore assez abordable (même si elle devient de plus en plus chère), et du coup c’est un endroit très attrayant pour les artistes. C’est une énorme ville, mais toujours très relax, pas du tout stressante comme Londres ou Paris. Mais l’hiver peut quand même être bien rude!

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Mimu chante sur trois chansons de « Polyamour ». Pourrais-tu revenir sur votre rencontre et votre collaboration artistique?

Miriam (Mimu) est une très bonne amie. Nous sommes originaires de la même ville et avons beaucoup d’amis en commun. Pour moi c’est une artiste exceptionnelle, avec une très belle voix et une plume fantastique. Elle a également dessiné l’artwork de « Polyamour », donc c’est aussi une grande graphiste!

Tes influences musicales sont vraiment riches, allant de De La Soul à Talking Heads ou John Coltrane. Comment parviens-tu à mixer toutes ces influences dans ta musique?

Tous ces artistes dont tu parles, je les adore vraiment et les écoute toujours beaucoup. Mais je ne suis pas sûre que leur musique influence vraiment mes compositions. Sauf peut-être à un niveau inconscient. Par exemple, je ne pense pas que quelqu’un puisse entendre John Coltrane dans mes morceaux!

Qu’écoutes-tu en ce moment?

J’écoute plein de choses différentes, de la house, du dubstep (Hotflush Recordings), de l’électro (Jon Hopkins, Lali Puna), et quelques groupes de rock comme The XX.

Quel album a changé ta vie?

Peut-être « Alcachofa » de Ricardo Villalobos, ou « Head On » de Supercollider. Les deux sont vraiment incroyablement produits.

Quels sont tes projets futurs?

Difficile à dire… Je viens juste de finir mes études, et en plus de la musique, je bosse sur un store MP3. J’essaie simplement de continuer à faire ce que j’aime.


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