Playlists – Le hardcore à tous les temps

Playlists – Le hardcore à tous les temps

Si le hardcore n’est plus vraiment ce qu’il était à ses débuts, il doit être replacé dans le contexte de son apparition pour être mieux compris et se débarrasser – autant qu’il le peut – des stéréotypes et des clichés qu’il traîne derrière lui. C’est à la fin des années 70 aux Etats Unis qu’il est né, sous l’impulsion d’une communauté de musiciens réagissant alors à la popularité grandissante du post punk et de la new wave, comme à la culture hippie alors dominante en Californie. En guise de réponse, les scènes de New York et Los Angeles répliquent en développant un sous genre marqué par une approche punk beaucoup plus virile, rapide, rugueuse, et simple de la composition; des méthodes d’enregistrement très modestes; ainsi qu’une éthique beaucoup plus prononcée. Souvent nourrie de fortes convictions politiques et sociales, s’attaquant au système, au militarisme, à l’autorité et à la violence, elle va jusqu’à s’élever contre l’industrie musicale, son exploitation commerciale, et la musique grand public qu’elle produit.

Au début des années 80, le mouvement s’étend, notamment à Washington DC, San Francisco et Boston. Sous l’impulsion d’une communauté totalement dévouée, motivée par ses plus solides ambassadeurs que sont Greg Ginn (Black Flag), Jello Biafra (Dead Kennedy’s) et Ian MacKaye (Minor Threat), et par leurs labels respectifs (Alternative Tentacles, SST et Dischord), l’esthétique Do It Yourself s’imprègne durablement, jusqu’à influencer plus tard les représentants les plus crédibles de l’indie rock et du grunge. Dès lors, le hardcore se décline en véritable mode de vie, de son fonctionnement jusqu’aux apparences : chacun bricole dans son coin, monte lui-même ses tournées, travaille à la promotion des concerts à coups de flyers et affiches photocopiées, édite des fanzines, tandis que les crânes rasés se multiplient et que les postures de plus en plus dures sont désormais de vigueur.

Vers 1985, beaucoup de groupes hardcore ouvrent une nouvelle ère en laissant percer de nouvelles influences (heavy, thrash metal et punk pop) qui les éloignent des puristes du mouvement. Rapidement suivis par d’autres (les Beastie Boys vers le rap, les Bad Brains vers le reggae), ils laissent – à l’aube des années 90 – quelques persévérants (Gorilla Biscuits, Youth Of Today…) incarner le mouvement straight edge et ses positionnements radicaux en faveur du végétarisme (voire du véganisme), de l’abstinence sexuelles, mais aussi contre la consommation de drogues et d’alcool : de quoi alimenter pour longtemps les clichés.

Pendant les années 90, alors que ses porte-drapeaux sont tous devenus des icônes indie rock, le hardcore s’ouvre toujours plus à de nouvelles directions, devenant par la force des choses le noyau d’une flopée de sous genres faisant leur apparition (hardcore mélodique, émo, mathcore, thrashcore, screamo, rapcore…). C’est donc brinquebalant que le mouvement se poursuit, toujours ardemment défendu par ses représentants les plus old school devant désormais faire face à la rude concurrence du métalcore caractérisé par ses compositions nettement plus heavy et techniques. Cette division, dans un contexte de démocratisation de l’outil internet aux méthodes de communication finalement similaires à celles des groupes plus mainstream, finira d’essouffler le hardcore dans les années 2000, sans pour autant le faire disparaître. Jusqu’à l’orée des années 2020 ou certains groupes comme Turnstile parviennent à fortement marquer les esprits, et laisser planer l’espoir d’un retour en force. Ce sont ces quarante années que l’on retrace ici le temps de quatre playlists.

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3 Commentaires
  • Blasix
    Posté à 14:56h, 16 septembre Répondre

    Du coup, quelles différences y’a t-il entre l’ “Hardcore” et le “Post-Hardcore” ?

    • Matthieu Choquet
      Posté à 17:58h, 16 septembre Répondre

      Réponse bientôt 😉

  • unsaame
    Posté à 18:06h, 16 septembre Répondre

    A noter: Show Me The Body de l’ecurie Letter Racer semble raviver la flamme en ce moment. 🙂

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